L’archipel des Marquises (Henua Enana, en langue marquisienne) possède une richesse culturelle et des traditions fortes. Loin des îles de la Société, les Marquisiens ont su conserver leur savoir-faire et le développer au cours des décennies. Aujourd’hui, l’art marquisien fait partie du quotidien de ce peuple, à travers la sculpture, le tapa, le tatouage et les bijoux.

 

 

Sculpture : Aux Marquises, les tupuna (ou Tuhuna en langue tahitienneles ancêtres), spécialistes de la sculpture avait une place particulière et relativement prestigieuse dans la société. Ils alliaient le sacré et le fonctionnel et intervenaient dans toutes les activités de la société telles que l’architecture, la magie, la technique, l’art ou la religion. Le tupuna recevait ce don des dieux et entretenait cette relation avec eux. Ils créaient des objets sacrés et servaient un ou plusieurs divinités.

Autrefois, les objets sculptés rassemblaient les objets liés à la guerre (massues ou casse-tête – uu, lances), des objets pour le jeu (échasses, tambours), des objets de prestige ( bâtons de commandement, chasse-mouches, éventails, os humain en forme de tiki – ivi po’o), des objets sacrés (sculptures d’animaux, représentations de l’homme – tiki ou ti’i) et des objets du quotidien (pilons, plats –umete et récipients, tabourets).

Tapa : Le tapa (kahu en marquisien) désigne les étoffes en écorce de bois. Les tapa étaient autrefois confectionnés par la femme. L’écorce est retirée du tronc de certains arbres spécifiques : banian (aoa), mûrier à papier (ute) ou arbre à pain (tumu mei). La partie interne de l’écorce est alors conservée pour être battue au moyen de battoir en bois pendant plusieurs heures, jusqu’à obtenir une étoffe relativement fine. Cette étoffe est amidonnée pour être davantage rigide. Le tapa peut être impregné de pigments naturels pour obtenir une teinte différente, généralement le jaune. Le tapa est aujourd’hui décoré à l’encre de motifs marquisiens, souvent inspirés des tatouages ou des scènes de vie quotidienne.

Bijoux : Les bijoux marquisiens sont essentiellement confectionnés à base d’os, de coquillage, de bois ou de graines (tamanu, etc.). On peut retrouver aussi bien des pendentifs, des parures, des accessoires pour les cheveux, ainsi que boucles d’oreilles ou des colliers.

Les matériaux utilisés pour confectionner les objets d’artisanat aujourd’hui sont principalement les suivants :

Bois : Les différents bois utilisés pour la sculpture sont des bois précieux tels le bois de rose d’océanie ou (Miro en Tah. ou Mi’o en Marq.), le noyer d’océanie (tou), le bois de fer (aito), le cocotier (tumu ha’ari ou tumu’ehi) etc. Les Marquisiens préfèrent sculpter le bois de leur archipel reconnu pour ses qualités car utilisé autrefois par les anciens. Le bois est d’abord séché pendant des dizaines d’années, s’il est trop jeune, jusqu’à ce qu’il soit prêt pour être travaillé. Il est ensuite traité contre les insectes. Certains artisans possèdent du bois dans leur jardin, mais beaucoup doivent soit aller le chercher dans les vallées éloignées ou l’acheter.

Pierre : La pierre fleurie se trouve uniquement sur l’île de Ua Pou. La roche basaltique est, quant à elle, plus communément travaillée dans plusieurs îles des Marquises. Les roches sont ramassées dans les vallées au cœur de la montagne et cassées en pièces plus petites. La forme est dessinée sur la pierre puis l’artisan façonne celle-ci pour lui donner la forme voulue. De plus longues heures sont ensuite nécessaires pour rendre l’objet parfaitement lisse et enlever toute imperfection.

Os : Les Marquisiens récupèrent les os de bœuf, de chevaux ou de chèvre dans le but de créer des bijoux. Le traitement de l’os s’effectue par plusieurs lavages pour le blanchir. Il est ensuite séché pour pouvoir être utilisable. Après un minutieux ponçage, l’artisan peut ensuite le graver.

Bibliographie :

Sculpture, arts et artisanats de Polynésie FrançaiseV. Mu-Liepmann et L. Milledrogues. Ed. Au vent des Iles, Papeete, 2008.

Les Marquisiens et leur art. L’ornement primitif des mers du sud. Vol. 2 PlastiqueKarl Von Den Steinen. Ed. française Musée de Tahiti et des Iles – Te Fare Iamanaha, Papeete, 2005